A
Augusto Salvador


Notre cagnotte du derby 1910. Arthur Conan Doyle (né Arthur Ignatius Conan Doyle le 22 mai 1859 à Édimbourg, en Écosse, et mort le 7 juillet 1930 à Crowborough dans le Sussex de l'Est, en Angleterre) est un écrivain et médecin britannique. Conan est l'un de ses prénoms et Doyle son nom de famille. Il doit sa célébrité à ses romans et nouvelles mettant en scène le détective Sherlock Holmes — considérés comme une innovation majeure du roman policier — et le professeur Challenger. Cet écrivain prolifique a également été l'auteur de livres de science-fiction, de romans historiques, de pièces de théâtre, de poésies et d'œuvres historiques.


Фентези Всех возростов.
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Chapitre I


—Bob! criai-je.

Pas de réponse.

—Bob!

Un rapide crescendo de ronflements s’achève en un bâillement prolongé.

—Réveillez-vous, Bob.

—Que diable signifie tout ce vacarme? dit une voix toute endormie.

—Il est bientôt l’heure du déjeuner, expliquai-je.

—Que le diable emporte le déjeuner! dit l’esprit rebelle de son lit.

—Et il y a une lettre, Bob, dis-je.

—Est-ce que vous ne pouviez pas le dire plus tôt? Apportez-la tout de suite.

Et sur cette aimable invitation, j’entrai dans la chambre de mon frère et m’assis sur le bord de son lit.

—Voici la chose: timbre poste de l’Inde, timbre de la poste de Brindisi. De qui cela peut-il venir?

—Mêlez-vous de ce qui vous regarde, Trognon, dit mon frère, rejetant en arrière ses cheveux frisés en désordre.

Puis, après s’être frotté les yeux, il se mit en devoir de rompre le cachet.

Or, s’il est un sobriquet qui m’inspire une plus profonde aversion que les autres, c’est bien celui de «Trognon».

Une misérable bonne, impressionnée par les proportions entre ma figure ronde et grave et mes petites jambes piquetées de taches de rousseur, m’infligea ce sobriquet aux jours de mon enfance.

En réalité, je ne suis pas plus un «trognon» que n’importe quelle autre jeune fille de dix sept ans.

En la circonstance actuelle, je me dressai avec toute la dignité qu’inspire la colère, et je me préparais à bourrer de coups de traversin la tête de mon frère, quand je fus arrêtée par l’expression d’intérêt que marquait sa physionomie.

—Vous ne devineriez jamais qui va venir, Nelly, dit-il. C’était un de vos amis autrefois.

—Comment? De l’Inde? Ce n’est pas Jack Hawthorne?

—Tout juste, dit Bob. Jack revient et va passer quelques jours chez nous. Il dit qu’il arrivera ici, presque en même temps que sa lettre. Ne vous mettez pas à danser comme cela. Vous ferez tomber les fusils ou vous causerez quelque autre accident. Tenez-vous tranquille comme une fille bien sage et rasseyez-vous.

Bob parlait avec toute l’autorité des vingt-deux étés qui avaient passé sur sa tête moutonnée.

Aussi je me calmai et repris ma première position.

—Comme ce sera charmant! m’écriai-je; mais, Bob, la dernière fois qu’il était ici, ce n’était qu’un jeune garçon, et maintenant c’est un homme. Ce ne sera plus du tout le même Jack.

—Oh! quant à cela, dit Bob, vous n’étiez alors qu’un bout de fille, une méchante gamine avec des boucles; tandis qu’à présent...

—Tandis qu’à présent?... demandai-je.

On eût dit vraiment que Bob était sur le point de me faire un compliment.

—Eh bien, vous n’avez plus les boucles, et vous êtes maintenant bien plus grosse et plus mauvaise.

À un certain point de vue, c’est excellent d’avoir des frères.

Il n’est pas possible à une jeune personne qui en a, de se faire de ses mérites une opinion exagérée.

Je crois qu’à l’heure du déjeuner, tout le monde fut content d’apprendre le retour promis de Jack Hawthorne.

Par «tout le monde» j’entends ma mère, et Elsie, et Bob.

Notre cousin Salomon Barker, par contre, n’eut pas du tout l’air d’être accablé de joie quand je lançai cette nouvelle d’un ton triomphant, d’une voix haletante.

Jusqu’alors je n’y avais jamais songé, mais peut-être que ce jeune gentleman commence à s’éprendre d’Elsie et qu’il redoute un rival.

Sans cela je ne vois pas pourquoi une chose aussi simple l’aurait fait repousser son œuf, déclarer qu’il avait déjeuné superbement, et cela d’un ton agressif qui permettait de douter de sa sincérité.

Grace Maberly, l’amie d’Elsie, avait l’air très contente, selon son habitude.

Quant à moi, j’étais dans un état de joie exubérante.

Jack et moi, nous avions été camarades d’enfance.

Il avait été pour moi comme un frère plus âgé, jusqu’au jour ou il était entré dans les cadets et nous avait quittés.

Que de fois Bob et lui ont grimpé aux pommiers du vieux Brown, pendant que je me tenais par-dessous et recevais le butin dans mon petit tablier blanc.

Il n’y avait guère dans ma mémoire d’escapade, guère d’aventure où Jack ne jouât un rôle de premier ordre.

Mais désormais il était «le lieutenant» Hawthorne.

Il avait fait la guerre d’Afghanistan, et, selon l’expression de Bob, c’était «un guerrier fini».

Quelle tournure allait-il avoir?

Je ne sais comment cette expression de «guerrier» avait fait surgir l’image de Jack en armure complète, avec des plumes au casque, altéré de sang, et s’escrimant avec une épée énorme sur un adversaire.

Après un tel exploit, je craignais bien qu’il ne condescendît plus à jouer à saute-mouton, aux charades et aux autres amusements traditionnels de Hatherley House.

Le cousin Sol fut certainement très déprimé pendant les quelques jours qui suivirent.

On avait toutes les peines du monde à le décider à faire un quatrième aux parties de tennis.

Il témoignait une passion tout à fait extraordinaire pour la solitude et le tabac fort.

Nous tombions sur lui dans les endroits les plus inattendus, dans les massifs, le long de la rivière, et dans ces occasions, s’il lui était impossible de nous éviter, il tenait son regard rigoureusement fixé vers le lointain et refusait d’entendre nos appels féminins et de s’apercevoir qu’on agitait des ombrelles.

Cela était certainement fort peu chic de sa part.

Un soir, après dîner, je m’emparai de lui, et, me dressant de toute ma hauteur, qui atteint cinq pieds quatre pouces et demi, je me mis en devoir de lui dire ce que je pensais de lui.

C’est un procédé que Bob regarde comme le comble de la charité, car il consiste à donner libéralement ce dont j’ai moi-même le plus grand besoin.

Le cousin Sol flânait dans un rocking-chair, le Times devant lui, et regardait le feu par dessus son journal, d’un air maussade.

Je me rangeai sur son flanc et lui envoyai ma bordée.

—On dirait que nous vous avons fâché, master Barker, dis-je d’un ton de hautaine courtoisie.

—Que voulez-vous dire, Nell? demanda mon cousin en me regardant avec surprise.

Il avait une façon bien bizarre de me regarder, le cousin Sol.

—Il semble que vous ne teniez plus à notre société, remarquai-je.

Puis, descendant soudain de mon ton héroïque:

—Vous êtes stupide, Sol. Qu’est-ce qui vous a donc pris?

—Rien du tout, Nell, ou du moins rien qui en vaille la peine. Vous savez que je passe mon examen de médecine dans deux mois et que je dois m’y préparer.

—Oh! dis-je, tout hérissée d’indignation, si c’est cela, alors n’en parlons plus. Naturellement, si vous préférez des os à vos jeunes parentes, c’est fort bien. Il y a des jeunes gens qui feraient de leur mieux pour se rendre agréables, au lieu de bouder dans les coins et d’apprendre à dépecer leurs semblables avec des couteaux.

Et après avoir ainsi résumé la noble science de la chirurgie, je m’occupai avec une violence exagérée à remettre en place des têtières qui n’en pouvaient mais.

Je voyais bien le cousin Sol regarder, d’un air amusé, la petite personne aux yeux bleus qui allait et venait en colère devant lui.

—Ne soufflez pas sur moi, Nell, dit-il. J’ai déjà été cueilli une fois, vous savez. En outre (et alors il prit une figure grave) vous aurez assez de distractions quand arrivera ce... comment se nomme-t-il?... le lieutenant Hawthorne.

—Ce n’est pas toujours Jack qui irait fréquenter les momies et les squelettes, remarquai-je.

—Est-ce que vous l’appelez toujours Jack? demanda l’étudiant.

—Naturellement. Ce nom de John, cela vous a l’air si raide.

—Oh! oui, c’est vrai, dit mon interlocuteur d’un air de doute.

J’avais toujours, trottant dans ma tête ma théorie au sujet d’Elsie.

Je me figurai que je pourrais essayer de donne aux choses une tournure plus gaie.

Sol s’était levé et regardait par la fenêtre.

J’allai l’y rejoindre et regardai timidement sa figure qui, d’ordinaire, exprimait la bonhomie et qui, en ce moment, avait l’air très sombre, très malheureuse.

En tout temps, il était très renfermé, mais je pensai qu’en le poussant un peu je l’amènerais à un aveu.

—Vous êtes un vieux jaloux, dis-je.

Le jeune homme rougit et me regarda.

—Je connais votre secret, dis-je hardiment.

—Quel secret? dit-il en rougissant davantage.

—Ne vous tourmentez pas, je le connais. Permettez-moi de vous dire, repris-je, devenant plus hardie encore, que Jack et Elsie n’ont jamais été très bien ensemble. Il y a bien plus de chance pour que Jack devienne amoureux de moi. Nous avons toujours été amis.

Si j’avais planté dans le corps du cousin Sol l’aiguille à tricoter que je tenais à la main, il n’aurait pas bondi plus haut.

—Grands Dieux! s’écria-t-il.

Et je vis fort bien dans le crépuscule ses yeux noirs se fixer sur moi.

—Est-ce que vous croyez réellement que c’est votre sœur qui m’occupe.

—Certainement, dis-je d’un ton ferme, avec la conviction que je clouais mon drapeau au grand mât.

Jamais un simple mot ne produisit pareil effet.

Le cousin Sol fit un tour sur lui-même, la respiration coupée de saisissement, et sauta bel et bien par la fenêtre.

Il avait toujours eu de bizarres façons d’exprimer ses sentiments, mais cette fois-ci il s’y prit d’une manière si originale que la seule impression qui s’empara alors de moi fut celle de la stupéfaction.

Je restai là à regarder fixement dans l’obscurité croissante.

Alors je vis sur la pelouse une figure qui me regardait aussi d’un air abasourdi et stupéfait.

—C’est à vous que je pense, Nell, dit la figure.

Après quoi elle disparut.

Puis, j’entendis le bruit de quelqu’un qui courait à toutes jambes dans l’avenue.

C’était un jeune homme fort extraordinaire.

Les choses allèrent leur train quotidien à Hatherley House, malgré la déclaration d’affection qu’avait faite de manière caractéristique le cousin Sol.

Il ne me sonda jamais au sujet des sentiments que j’éprouvais à son égard et plusieurs jours se passèrent sans qu’il fît la moindre allusion à la chose.

Évidemment, il croyait avoir fait tout ce qu’il est indispensable de faire en pareilles circonstances.

Toutefois, de temps à autre, il lui arrivait de m’embarrasser terriblement, quand il survenait, se plantait bien devant moi, me regardait avec la fixité de la pierre, ce qui était absolument épouvantable.

—Ne faites pas ça, Sol, lui dis-je un jour, vous me faites frissonner des pieds à la tête.

—Pourquoi est-ce que je vous donne le frisson, Nelly? dit-il. N’est-ce pas parce que vous avez de l’affection pour moi?

—Oh! oui, j’en ai assez, de l’affection. J’en ai pour Lord Nelson, s’il s’agit de cela, mais il ne me plairait guère que sa statue vienne se planter devant moi et reste des heures à me regarder. Voilà qui me met dans tous mes états.

—Qu’est-ce qui a pu vous mettre lord Nelson dans la tête? dit mon cousin.

—Il est sûr que je n’en sais rien.

—Est-ce que vous avez pour moi la même affection que vous avez pour Lord Nelson, Nell?

—Oui, seulement plus forte.

Et le pauvre Sol dut se contenter de cette petite lueur d’encouragement, car Elsie et miss Maberly entrèrent à grand bruit dans la chambre et mirent fin à notre tête-à-tête.

J’avais de l’affection pour mon cousin, c’était certain.

Je savais quel caractère simple et loyal se cachait sous son extérieur tranquille.

Et pourtant l’idée d’avoir pour amoureux Sol Barker—Sol, dont le nom même est synonyme de timidité—c’était trop incroyable.

Que ne s’éprenait-il de Grace, ou bien d’Elsie?

Elles auraient su que faire de lui. Elles étaient plus âgées que moi. Elles pouvaient lui donner de l’encouragement ou le rabrouer, si elles aimaient mieux.

Mais Grace était occupée à flirter tout doucement avec mon frère Bob et Elsie paraissait ne se douter absolument de rien.

J’ai gardé souvenir d’un trait typique du caractère de mon cousin, que je ne puis m’empêcher de rapporter ici, bien qu’il soit tout à fait en dehors de la suite de mon récit.

C’était à l’occasion de sa première visite à Hatherley House. La femme du Recteur vint un jour nous rendre visite et la responsabilité de la recevoir échut à Sol et à moi.

Tout alla fort bien en commençant.

Sol se montra extraordinairement animé et causeur.

Malheureusement un mouvement d’hospitalité s’empara de lui, et, malgré de nombreux signes, et coups d’œil pour l’avertir, il demanda à la visiteuse s’il se permettrait de lui offrir un verre de vin.

Or, comme si la malchance l’eût voulu, notre provision venait d’être achevée, et bien que nous eussions écrit à Londres, l’envoi n’était pas encore arrivé à destination.

J’attendais la réponse, respirant à peine.

J’espérais un refus, mais quelle ne fut pas mon épouvante! Elle accepta avec empressement.

—Ne vous donnez pas la peine de sonner, Nell, dit Sol. Je ferai le sommelier.

Et avec un sourire plein de confiance, il se dirigea vers le petit placard où l’on mettait ordinairement les carafons.

Ce fut seulement après s’être engagé à fond qu’il se rappela soudain avoir entendu dire dans la matinée qu’il n’y avait plus de vin à la maison.

Son angoisse d’esprit fut telle qu’il passa le reste de la visite de mistress Salter dans le placard et se refusa à en sortir jusqu’à ce qu’elle fût partie.

S’il y avait eu une possibilité quelconque que le placard du vin eût une autre issue, qui aboutît ailleurs, la chose se serait arrangée, mais je savais la vieille mistress Salter parfaitement au fait de la géographie de la maison; elle la connaissait aussi bien que moi.

Elle attendit pendant trois quarts d’heure que Sol reparût.

Puis elle s’en alla de fort mauvaise humeur.

—Mon cher, dit-elle en racontant l’histoire à son mari, et dans son indignation ayant recours à un langage presque calqué sur celui de l’écriture, on eût dit que le placard s’était ouvert et l’avait englouti.

27 мая 2018 г. 18:49 0 Отчет Добавить Подписаться
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