Une découverte Seguir história

Le soir d'Halloween, dans ma ville natale, le grand manoir de Dame Brigerton brillait de mille feux. Ses grandes fenêtres abîmées luisaient grâce à la lumière de la lune. Chaque Halloween, les adolescents les plus téméraires entraient dans ce manoir. Mais ils en ressortaient changés, comme s'ils avaient subi un lavage de cerveau. Alors en tant que plus grosses pigeonnes du monde, mon amie Caliope et moi avons décidé d'y aller. Le moment venu, je courus chercher Caliope chez elle. Elle sortit en trombe et me rejoignit.

— Hi Bitch!, s'exclama Caliope en souriant.

— Prête ?, demandai-je joyeusement.

— Et comment ! Je suis née pour ce moment!, s'enthousiasma-t-elle.

Alors, on partit en direction du manoir de Dame Brigerton. Arrivées sur place, Caliope poussa la grande porte en chêne massif pour entrer dans cette demeure.

— Cal, te casse pas un ongle, plaisantai-je pour détendre l'atmosphère.

— Ferme-la, rétorqua-t-elle fermement.

Caliope entra en première, plutôt hésitante. Je la suivis et m'avançai à mon tour. Une odeur de moisi régnait dans tout le couloir.

— C'est normal cette puanteur?!, s'exclama Caliope.

— Ça sent comme tes pieds! Cette meuf est tellement vieille qu'elle commence à se décomposer !, ris-je.

On rit de bon cœur avant de continuer la visite du manoir. Chacune des pièces était en tout point différente des autres. C'était particulièrement troublant.

— Wow, t'as vu ça ?, demanda Cal.

— Oh putain de merde..., murmurai-je à la limite du vomissement.

Un sanglier empaillé était juste devant nous. Pour déconner, Caliope monta dessus et fit comme si elle faisait du rodéo. On s'amusait comme des folles quand la bête se mit à bouger.

Caliope prit ses jambes à son cou et sprinta vers l'étage. Je la suivais de près. Le sanglier poussait des cris aussi stridents que terrifiants.

— Faut qu'on se cache, dit Cal.

— Ouais je veux bien, mais où ? Cette baraque est plus grande que nos deux avenirs réunis, remarquai-je.

— Luna, c'est pas le moment pour blaguer, les rumeurs sont fondées. Faut qu'on se casse d'ici, conclut Caliope avant de se remettre à courir.

Je regardai derrière moi et vis le sanglier qui courait vers nous à toute vitesse.

— Cal, à mon signal tu te mets au sol, ordonnai-je.

— Quoi?! Mais t'es complètement folle,...

— Fais ce que je te dis!, criai-je.

On continua de courir pendant 10 secondes.

— Maintenant !, hurlai-je.

Caliope plongea en avant. Je tombai sur elle. Comme prévu, le sanglier continua tout droit et passa par la fenêtre.

— Espèce de... Je vais te tuer!, hurla Cal.

— Si tu me tue j'irais porter pleinte sale tchoin, dis-je en riant.

On se recula un peu pour poser nos dos contre une bibliothèque. À peine fut-on assises, que la bibliothèque bougea. On tourna en même temps que le meuble pour se retrouver dans une pièce sombre.

— Putain, c'est quoi c't'embrouile..., marmonai-je.

Caliope se releva et tatona le mur pour trouver enfin l'interrupteur. Une lumière verdâtre inonda la pièce. Soudain, Cal faillit vomir. Elle vint se réfugier dans mes bras.

— Eh, qu'est-ce qui va pas?, m'étonnai-je.

— Y'a un putain de cerveau dans un fucking bocal!, cria Caliope.

Je la poussai légèrement pour voir si ce qu'elle disait était vrai. Et effectivement, je vis un bocal contenant un cerveau. Cette pièce était véritablement une boucherie. Des coeurs, des foies, des intestins,... Au bout de la pièce, je vis une table avec une masse couverte par un drap. Je m'approchai et soulevait le drap. Un corps découpé était là. Je ris.

— Tu trouves pas que l'illusion est parfaite ? On dirait un vrai! m'exclamai-je en riant.

Je tirai sur les joues du cadavre.

— Regarde, ils ont même refais l'élasticité des joues, c'est top, dis-je.

— Luna, tu devrais pas, s'inquiéta Cal en avançant.

Je saisis un pied au sol.

— Y'a même des pieds pour les fétichistes !, ris-je.

Mon rire s'arrêta net quand un orteil bougea. Je lâchai le pied qui heurta violement le sol. Caliope s'approcha de moi.

— On devrait pas être dans cette pièce Luna, allons-nous en, dit Cal.

J'acquiesai et on se réinstalla comme tout à l'heure. Dos à la bibliothèque. Étonnement, après un moment d'attente, elle ne se retourna pas.

— Qu'est-ce qu'on fait?!, paniqua Cal.

— Moi j'ai une idée, dis-je.

— Quoi?, demanda-t-elle.

— On peut vivre ici, avoir des enfants par je ne sais quel miracle et puis s'occuper des mioches jusqu'à ce qu'ils aient l'âge pour être balancés par la fenêtre et nous faire une sortie, suggérai-je.

— Je sais pas pourquoi mais je m'attendait à une connerie de ce genre.

Soudainement, une dame entra. Elle était entièrement habillée de noir.

— Jeunes demoiselles, vous avez perturbé ma sieste. Sur ce, votre sommeil sera long, déclara-t-elle.

Un couteau vint se planter dans la poitrine de Cal. Puis ce fut à mon tour.

J'aurais eu une fin digne d'un film d'horreur au moins...