L
Laure Decruyenaere


Adrien vit la plus belle histoire d'amour de sa vie avec Léana, une jeune femme aux yeux électriques qui lui est interdit. Sa maitresse. Son âme-sœur. II n'aura jamais trouvé les mots juste pour qualifier cet orage. Jusqu'au jour où, dans la chambre d'hôtel où ils passaient l'après-midi comme deux adolescents, Adrien eut la certitude que rien ne serait plus jamais comme avant. Juste après l'avoir sorti des flammes de leur chambre, Léana lui fait découvrir un monde où il ne se passe jamais rien et où des cours d'histoire se donnent en alternance avec des cours d'épées au professeur sorti d'un magazine de surf. Tout était effectivement parfait jusqu'à l'arrivée d'Adrien par l'intermédiaire de Léana qui se retrouve rapidement à devoir rendre des comptes à de vieux souvenirs


Fantasia Todo o público.

#229 #230 #magic #love
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Chambre 417

Les doigts de sa main gauche – dont l’annulaire était orné d’une alliance – faisaient de lents aller-retours le long des côtes de Léana alors qu’ils étaient collés l’un contre l’autre, essoufflés, leurs jambes nues entremêlées.

- Je t’aime, soupira-t-il au bout d’un moment.

La jeune femme releva la tête pour se regarder dans ses yeux si bleus tirés par des pattes d’oie qui, de son point de vue, faisaient tout son charme.

- Moi aussi, je vous aime. Pas de la même manière que vous, ajouta-t-elle alors qu’il s’apprêtait à la contredire encore une fois, mais je vous aime.

Se redressant, elle attrapa son soutien-gorge abandonné au bord du lit et vit, dans le miroir, Adrien s’appuyer sur ses coudes pour l’observer pendant qu’elle se rhabillait.

- Quelle excuse est-ce que vous avez sortie à votre femme, cette fois ? le nargua-t-elle.

Il attendit de l’avoir rejointe et de s’être collé à son dos, une main caressant son cou, pour lui répondre, les lèvres contre sa peau :

- Une réunion…

Elle se retourna pour lui faire face et s’appuyer sur la main posée sur sa joue.

Comment avait-elle fait pour tomber amoureuse de quelqu’un comme lui ? Si gentil, si attentionné ? Personne n’avait encore jamais menti pour elle. Alors que d’habitude, c’était à elle que l’on dissimulait des secrets, elle était aujourd’hui l’essentiel du jardin secret d’un seul homme.

Elle s’apprêtait à déposer une dernière fois ses lèvres sur les siennes avant de passer son pull au-dessus de sa tête quand une décharge électrique parcourut sa joue jusque son front et la fit sursauter.

- Tout va bien ? s’inquiéta Adrien en levant l’autre main pour la poser sur l’épaule de sa douce.

Mais elle s’écarta vivement et ce fut presque comme s’il l’avait entendu siffler comme un chat.

- Je t’ai fait mal ? commença-t-il à s’inquiéter alors qu’elle se hâtait de récupérer ses affaires et s’apprêtait à ouvrir la porte de la chambre.

Léana qui, à peine quelques minutes plus tôt lui faisait l’amour comme à un ado sans expérience, n’osait même plus le regarder et il se retrouva seul dans la chambre d’hôtel en croyant l’avoir entendue lui répondre que non.

La jeune femme à peine sortie du grand bâtiment se pressa vers l’arrêt de bus le plus proche, une main plaquée sur la joue meurtrie par le touché d’Adrien. Des tas de questions et de souvenirs se pressaient dans son crâne qui menaçait d’exploser et, son bus n’arrivant que cinq minutes plus tard, elle fouilla ses poches pour en sortir son miroir.

Plusieurs personnes l’observaient dans sa crise de panique mais un coup d’œil au panneau d’affichage qui se mit à s’affoler suffit à détourner leur attention.

Sa peau était rouge et scarifiée à l’endroit où Adrien l’avait à peine touchée. Sans prêter attention aux chronomètre qui avait commencé à fumer ou aux passants qui s’en éloignaient le plus possible, elle sorti son téléphone pour appeler le seul numéro de son répertoire. Comme de coutume, elle tomba presque instantanément sur la messagerie vocale.

- Ayman, il faut qu’on parle.

Elle le sentit avant de l’entendre et prit une grande inspiration en se retournant.

- Je ne sais franchement pas ce qui est le plus stupide, s’exaspéra-t-elle. Apparaître au beau milieu de plein de mortels ou oublier de me dire que l’homme que je fréquente n’en est pas un.

Son mentor, un Egyptien encore plus âgé qu’elle mais avec l’apparence d’un homme dans la fin de la trentaine, la toisa de derrière ses lunettes de soleil.

- Je pensais vraiment que tu n’allais plus me faire le coup ! s’insurgea Léana en haussant la voix.

- Je devais être sûr.

La jeune femme sentait ses poignets la brûler et le bout de ses doigts commençaient à craquer comme des brindilles dans un feu.

- Sûr de quoi ? Qu’il puisse me blesser ? Regarde ce qu’il m’a fait ! Il faut que je rentre chez nous.

Ayman secoua la tête.

- Comment ça, non ? Tu comptes réellement m’empêcher de rentrer ? Tu as déjà oublié la dernière fois que tu as essayé ? Je te rappelle que…

Elle fut interrompue par un bruit strident. Elle resta d’abord rivée au sourire moqueur de son mentor mais finit par se retourner comme tout le monde, parfaitement au courant de l’origine de cette alarme.

A grandes enjambées, elle traversa la petite foule qui commençait à se former dans la rue qu’elle avait quittée quelques minutes plus tôt sans que personne ne la remarque. Tous avaient les yeux rivés sur l’épaisse fumée qui s’échappait d’une des chambres de l’Hôtel Veronica. Leur chambre.

Léana leva les yeux aux ciel et, après avoir cherché Ayman là où elle l’avait planté, elle le vit lui faire signe qu’elle était libre d’obtempérer comme elle le désirait.

Sans plus attendre, elle captura un voile de fumée qui dansa un instant autour de ses doigts avant de s’en envelopper complètement et rentrer dans le bâtiment.

Il n’y avait déjà plus personne à l’intérieur et elle put sans encombre rejoindre la cage d’escalier comme si aucun feu ne faisait rage quelques étages plus haut. C’était à peine si on pouvait sentir l’odeur de soufre.

Elle arriva au quatrième étage sans encombre mais, à peine avait-elle poussé la porte, qu’elle se sentit étouffer. Cela ne dura qu’une seconde avant qu’elle ne réussisse à avancer comme si de rien n’était. Elle atteignit la chambre 417 en quelques pas et ce qu’elle trouva à l’intérieur aurait pu la faire sourire si ce n’était la peur infinie qui se lisait sur le visage d’Adrien.

- Vous voulez vraiment me suivre jusqu’en Enfer, hein ? ricana-t-elle en s’avançant.

Les yeux de son amant s’écarquillèrent comme s’il avait vu un fantôme mais il finit par saisir la main qu’elle lui tendait. Il voulut ouvrir la bouche mais elle posa un doigt sur ses lèvres.

Lorsqu’ils ressortirent dans le couloir, la fumée l’avait totalement envahi et, même pour Léana, il était devenu impossible de voir quoi que ce soit.

La jeune femme avait cependant oublié la présence d’Ayman à l’extérieur. Elle sentit d’abord les ongles d’Adrien s’enfoncer dans la peau de son bras avant de faire un demi-tour à cause de la brise fraiche qui avait soudainement caressé sa nuque. Un passage s’était comme ouvert devant eux et, au bout de cinq portes au moins, ils atteignirent une fenêtre ouverte de laquelle la fumée ne s’échappait pas, refoulée par quelque chose.

Ce fut en se penchant à l’extérieur que Léana comprit. En bas, dans une arrière-cour déserte alors que la foule se pressait de l’autre côté du bâtiment, Ayman était là, les paumes levées vers elle. Il lui fit signe de tête de descendre.

Quand il comprit que sa maitresse s’apprêtait à passer par la fenêtre, Adrien voulut lui saisir le bras mais il atteignit sa cible trop tard. Paralysé d’effroi, les larmes commençaient à lui monter au yeux. Il crut d’abord que la voix qui l’appelait d’en bas n’était que le fruit de son imagination, qu’il entendait Léana comme il l’aurait voulu alors qu’elle s’était écrasée en bas mais, osant regarder, il la vit. Elle lui faisait signe de la suivre, plantée à côté d’un Egyptien qu’elle donnait l’impression de connaître. Impatiente, elle finit par le sommer de descendre, ajoutant d’un air sarcastique qu’elle n’avait pas que ça à faire de sa journée.

Tremblant de tous ses membres, il se hissa sur l’appui de fenêtre mais à peine avait-il eu le temps de passer un pied à l’extérieur qu’il se sentit perdre l’équilibre. Fermant les yeux, il s’imaginait déjà baignant dans son sang. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il se sentit se poser doucement sur le bitume brûlant. Etrangement, cela ne lui faisait rien et c’était presque une sensation agréable. Redressant la tête, il vit le grand Egyptien le regarder du haut de toute sa carrure et Léana, qui s’accroupit pour être à sa hauteur :

- Vous me faites confiance ? lui demanda-t-elle.

Il approuva et était sur le point d’ajouter que ça serait toujours le cas, même après ce qui venait de se passer mais elle s’était déjà relevée et lui faisait signe de les suivre alors qu’elle et l’autre homme sortaient dans la rue parallèle à celle de l’entrée de l’hôtel.

Ils prirent un chemin incompréhensible et Adrien commençait à penser que les deux devant lui faisaient tout pour qu’il ne puisse pas reconnaître le chemin du retour lorsqu’il manqua rentrer dans Léana qui s’était arrêtée devant une porte.

Elle et l’Egyptien échangèrent quelques mots qu’il ne réussit pas à comprendre (il doutait même que ce soit du français) avant que ce dernier ne rentre à l’intérieur de la maison, les laissant tous les deux sur le trottoir. Il en profita.

- Est-ce qu’on peut m’expliquer ce qu’il se passe ? lança-t-il à sa maitresse en la prenant par le bras.

Elle se dégagea de sa poigne avec force mais reposa doucement sa main sur son épaule, le regardant avec un sourire amical :

- Vous avez dit que vous me faisiez confiance. Vous comprendrez tout très bientôt.

Il allait lui dire que ce n’était pas suffisant quand l’homme aux longs cheveux bouclés réapparut et leur fit signe d’entrer.

C’était une vieille baraque du vieux centre-ville avec des planches mal fixées aux fenêtres d’une cave et des briques rouges décrépies, qui sentait la poussière et ne semblait plus habitée depuis des lustres. Adrien tenta de faire un tour sur lui-même pour observer ne serait-ce que le vestibule mais à peine avait-il eu le temps de repérer le plafond au-dessus de lui que Léana et l’inconnu commençaient à disparaître dans la pénombre. Il les suivit comme il put, soudain épuisé des derniers évènements qui lui semblaient s’être succédé à une vitesse folle. Heureusement, il les rejoignit vite dans une pièce qui avait dû être le salon, avec des meubles aujourd’hui dissimulés sous des draps. Léana et l’Egyptien se tenaient de part et d’autre d’un fauteuil dont l’homme retira le tissu qui le recouvrait au moment où il aperçut Adrien.

C’était un très beau fauteuil, de style Renaissance aux poignées plaquées or mais ce n’était pas ce qui intéressaient les deux individus (Adrien ne reconnaissait plus sa bien-aimée en la jeune femme qui lui accordait à peine un regard par moment). Léana tendit alors la main et, sans le toucher, d’un mouvement sec, déplaça le meuble sans effort. Adrien voulu dire quelque chose, prendre ses jambes à son cou mais fut trop intrigué par la trappe qui était apparue sous ses yeux et que l’Egyptien souleva. Ce dernier s’assit au bord, les jambes pendant dans le vide mais leva les yeux sur Adrien :

- Au fait, je m’appelle Ayman.

Et il disparut par le trou.

La bouche d’Adrien s’ouvrit comme celle d’un poisson mais Léana le ramena sur Terre.

- Allez-y.

- Quoi ?

Elle prit une mine exaspérée :

- Même moi, je n’aime pas cet endroit. Je préfèrerais ne pas vous laisser seul ici.

- Et où est-ce qu’on va ? réussit-il à demander avant qu’elle ne le pousse doucement pour le faire tomber.

La chute ne dura que quelques secondes mais Adrien put observer, pendant tout ce temps-là, le trou de la cache se rétrécir dans l’obscurité totale et se fermer alors qu’il atterrissait quelque part et que Léana y passait à son tour.

Il avait dû rester inconscient un court instant car, lorsqu’il rouvrit les yeux, sa bien-aimée lui tournait le dos. Debout, elle ne tremblait même pas sur ses jambes.

- Où est-ce qu’on est ?

Léana était sur le point de s’engouffrer dans la forêt qui les entourait et sembla stopper son élan en se rappelant sa présence.

Elle avait l’air différente. Adrien n’arrivait pas à mettre le doigt dessus mais il sentit ce qui avait changé lorsqu’elle s’accroupit pour l’aider à se redresser.

- Là tout de suite, on est en forêt et j’aimerais beaucoup rentrer. Vous venez ?

Il se mit debout tant bien que mal mais elle ne l’attendit pas pour prendre la route.

La forêt de sapins donnait cette impression d’infini caractéristique à toutes les forêt du monde et Adrien suivait Léana comme il pouvait mais, alors qu’elle paraissait à peine toucher le sol, il manquait tomber tous les deux mètres. Il ignorait depuis combien de temps ils marchaient quand une décharge le fit sursauter au moment où la lumière se mettait à transpercer la cime des arbres.

Ses yeux s’ouvrirent si grands au bout de dix pas que, s’il les avait écartés plus, ils seraient sortis de leur orbite.

Alors qu’une minute plus tôt, ils faisaient une randonnée dans les bois, il avait maintenant une étendue d’herbe verte gorgée par le Soleil qui s’étendait devant lui.

Léana, avec ce changement qui émanait maintenant d’elle comme une aura, se tenait immobile au milieu d’une foule clairsemée, en mouvement continu au milieu de cette prairie. C’était en grande partie des jeunes qui gravitaient autour de lui tandis qu’il la rejoignait et c’est seulement à ce moment-là qu’il prit conscience de la métamorphose : les cheveux de sa compagne, d’habitude plaqués sur son crâne, ondulaient maintenant le long de ses épaules en une vraie crinière brune et ses vêtements, toujours aussi sombres, avaient été affublés d’un long fourreau à sa ceinture et d’une dague à son biceps droit.

- Je te le redemande une dernière fois, Léa, souffla-t-il alors qu’elle ne semblait même plus le voir, où est ce qu’on est ?

- A la maison.

Elle ne lui donna pas le temps de discuter plus longtemps et commença à descendre la légère pente de la prairie, passant gracieusement entre les personnes qu’elle croisait.

Où qu’il puisse poser le regard, des jeunes discutaient par groupe, parfois des papiers entre les mains, rigolant ou parlant sérieusement. Un peu à l’écart, des groupes de deux s’entrainaient à quelque forme de combat avec de longs bâtons.

Il y avait trop de choses à voir. Alors que Léana avançait à grandes enjambées devant lui, ne s’arrêtant absolument pas pour observer ce qu’il se passait autour d’elle, il mourrait d’envie de lui prendre, la main, de l’attirer contre lui, d’enrouler ses bras autour de son cou et d’observer l’espèce de Colisée moderne à leur droite, cette espèce de ville lumineuse juste devant eux, aux abords d’une étendue d’eau brillante au Soleil et les sortes de tipis maintenant derrière eux. Et le tout sans personne autour. Juste eux, au coucher du Soleil, assis dans l’herbe encore chaude, la tête de Léana reposant sur son torse.

Il en rêvait tellement qu’il ne remarqua même pas quand sa maitresse tourna brusquement à droite et dû le rappeler à l’ordre. L’imitant, il remarqua le grand Egyptien qui, toujours dans un long manteau beige, les attendait devant une table en plein air.

S’approchant de plus en plus, il remarqua que, malgré la légère brise, les feuilles de papier qui y étaient posées ne bougeaient pas d’un poil. Il n’eut pas à résoudre le mystère car Léana s’adressait à lui :

- Adrien, je vous présente Ayman, mon… mentor et ami.

L’Egyptien le salua d’un mouvement de tête mais ne prit pas la main que le nouvel arrivant lui tendant.

- Je suis heureux de faire votre connaissance dans les formes, Adrien. Léana n’arrête pas de parler de vous.

Ils se sourirent mais l’homme avait déjà reporté son attention sur sa pupille qui le fusillait du regard, les lèvres pincées. Les mots qui les traversèrent lui étaient inconnus mais Adrien devinait que ce ne devait pas être des formules de courtoisie. Pendant leur échange, il observa les reflets de la ville. Elle paraissait n’être faite que de verre pour être aussi éblouissante au Soleil mais il sentit très vite les doigts de Léana s’entrelacer aux siens et reporta son attention sur elle qui finissait sa conversation dans leur langue :

- Tu m’excuseras, Ayman, mais je dois montrer à ton secret l’endroit où il passera les prochaines heures. Et la nuit. On se retrouve tout à l’heure.

Son interlocuteur lui adressa une dernière fois la parole mais Léana avait déjà tourné les talons en entrainant Adrien derrière elle.

11 de Novembro de 2021 às 16:53 0 Denunciar Insira Seguir história
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