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Thanys Auteur


La guerre fait rage dans le royaume de Nordie. Le redoutable Sabor, frère du roi, a envahi le pays pour usurper la couronne. Restée au palais, la princesse Sédhane doit fuir lorsqu'elle apprend la défaite des armées de son père. Contrainte de se terrer dans le château d'Ilmur, elle désespère : aucun endroit n'est à l'abri de la fureur de son oncle et il finira tôt ou tard par la retrouver. La seule solution ? Trouver des alliés. Et Sédhane sait qui elle doit aller chercher. Contre l'avis de ses conseillers, la princesse s'élance vers le Nord, au-delà des frontières de son Royaume, à la recherche des légendaires Ursides, d'anciens alliés présumés disparus depuis des années. Un voyage dangereux et semé d'embuches l'attend, dans l'espoir de sauver son Royaume et de se sauver elle-même des griffes de son oncle.


Fantaisie Médiévale Tout public.

#Fantasy
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Prologue

Le vent s'engouffra dans la tente en faisant claquer ses rabats, renversant les feuilles amoncelées sur le bureau en bois massif. La carte, en revanche, ne bougea pas, maintenue par de lourdes pierres aux quatre coins, ainsi que par les pièces figurant les positions ennemies et celles du roi. L'air était chaud et sentait la pluie, laissant présager un violent orage dans les heures à venir. Le roi Sennir Amedours espérait qu'il éclaterait vite : ses ennemis n'attaqueraient certainement pas sous la pluie battante. Les pentes de la colline seraient rendues boueuses, empêchant les soldats de grimper jusqu'au camp où se retranchait le roi et ce qu'il restait de son armée.

Sennir ne quittait pas la carte des yeux, analysant de son regard glacial l'emplacement des pièces noires. Il y en avait trop, bien trop par rapport aux ours bleus sculptés qui représentaient ses propres troupes. A vrai dire, l'armée du roi était presque encerclée. Seul un miracle pourrait à présent les sauver.

Le roi porta la main à son visage et lissa la barbe d'or entremêlée de fils gris qu'il ne prenait plus la peine de tailler. Il n'aurait jamais pensé que son frère attaquerait le royaume en passant par le Dos du Dragon. La montagne était réputée infranchissable et jamais aucune armée n'avait réussi à la franchir. Aucune n'avait d'ailleurs jamais essayé. A l'Est de la chaine rocheuse s'étendaient les Terres Inhospitalières, composées de déserts indomptés, de marais venimeux et de crevasses sans fond d'où sortaient des monstres tout droit venus de l'enfer. Jamais un homme sain d'esprit n'aurait décidé de passer par là pour attaquer la Nordie.

Mais Sabor n'était pas sain d'esprit.

— Majesté ?

Sennir releva la tête et dévisagea Déon Argonar. Il avait presque oublié la présence du Général sous la tente de commandement. Ils étaient seuls, le roi ayant renvoyé tous ses autres conseillers.

— Je ne vois aucune issue certaine, Déon, soupira le roi. Je crois bien que, cette fois, mon frère aura le dessus sur moi.

— Nous pourrions nous replier sur Séréval, avança le général. La retraite ne nous est pas encore coupée de ce côté.

Sennir balaya la proposition d'un geste de la main.

— La capitale est encore plus indéfendable que cette foutue colline sur laquelle nous nous terrons depuis une semaine. Cette ville et le palais ont été construits pour montrer la grandeur de la Nordie, pour recevoir des diplomates, pour être agréable à la famille royale. Elle a été bâtie pour tout sauf pour tenir un siège. Séréval n'est pas Varagone. Si nous nous y replions, nous auront encore moins de chances de vaincre qu'ici.

Déon savait déjà cela, mais il se devait de présenter toutes les options à son roi, même les plus désespérées.

Un roulement de tonnerre retentit dans la vallée.

— L'orage éclate plus tôt que je ne le pensais, fit remarquer le roi. Peut-être s'agit-il de notre planche de salut ?

— Je ne comprends pas. Tu comptes attaquer sous la pluie ? C'est de la folie !

Déon n'aurait pas dû s'adresser ainsi à son roi, mais il n'était pas un simple sujet. Il était aussi son ami et son beau-frère, il devait se montrer franc en toutes circonstances.

— Pas tant que cela, répondit Sennir. Les troupes ennemies ne peuvent gravir notre colline car les pentes sont herbeuses, et les bottes d'infanterie laboureraient la terre aussi sûrement qu'une charrue. Ils seraient bloqués et ne pourraient pas monter. Mais la colline d'en face, sur laquelle ils ont installés leur camp, est plus rocailleuse et un chemin y est tracé. Nos hommes pourraient la gravir. Si la pluie est assez forte, elle pourrait nous dissimuler pour nous permettre de tenter une attaque surprise. Ils ne s'attendront pas à ce que l'on frappe par ce temps. Je crains que ce ne soit la seule chance que nous ayons, mon ami.

Il fit une pause, les yeux dans le vague, avant de reprendre :

— Je ne suis pas très pieu, tu le sais. Mais peut-être que le Ciel a entendu les prières de nos hommes.

Le général dévisagea son roi pendant quelques instants, réfléchissant.

— Tu as sans doute raison, admit Déon. Les hommes doivent croire que leur dieu est avec nous, ils n'en seront que plus déterminés dans la bataille.

— Dis-leur que le Ciel sera à nos côtés, décidé à repousser l'envahisseur. Cela leur donnera courage.

— Je vais ordonner aux hommes de se préparer, annonça le Général en claquant les talons. Nous attaquerons dès que la pluie se mettra à tomber.

— Bien. Dépêche-moi un coursier, en sortant. Séréval doit être mise au courant.

Déon s'inclina respectueusement et quitta la tente, laissant pénétrer un nouveau courant d'air chaud. Sennir s'installa à son bureau, pris une plume et une feuille vierge, qu'il noircit de son écriture serrée. Il rédigea une lettre officielle à ses conseillers restés au palais et une, plus personnelle, pour sa fille qui l'y attendait également. C'était elle, par-dessus tout, qui lui manquait le plus dans ce camp. Il mit tout l'amour qu'il pouvait dans sa missive, craignant que ce soit la dernière qu’il ne lui envoie jamais. Son travail terminé, il fit couler la cire bleue et apposa son sceau, la tête d'ours rugissant, pour cacheter les plis. Le coursier, un jeune homme à l'allure frêle dans une livrée bleu et argent, arriva à l'instant même. Il prit les plis révérencieusement et fila à toute vitesse. Les missives du roi ne souffraient aucun retard.

Sennir manda alors son aide de camp, qui l'aida à revêtir son armure argent, réhaussée de liserés bleus. Sur le torse s'étalait la tête d'ours rugissant et le casque figurait également une tête d'ours. L'épée ceinte à son côté et le bouclier sanglé à son bras gauche, le roi sortit de sa tente. Dehors, il remarqua que les hommes avaient revêtu leur armure mais ne s'étaient pas encore mis en ordre de marche. Déon devait attendre le tout dernier moment pour donner l'ordre, afin de ne pas éveiller les soupçons des éventuelles vigies qui surveillaient le camp.

Le tonnerre gronda et un éclair déchira le ciel. Au même moment, de lourdes gouttes de pluie se mirent à tomber, cliquetant sur les armures. Bientôt, un rideau liquide s'abattait sur le camp. Le roi s'avança parmi les allées ordonnées et entendit le cri de Déon qui donnait ses ordres.

La dernière bataille commençait.

21 Juin 2022 15:27 0 Rapport Incorporer Suivre l’histoire
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